Necronomi’con, partie 2

Necronomi’con !
La première convention lovecraftienne française organisée par l’AoA production

Visionnez la première partie de ce reportage ici,

L’interview des organisateurs de la Necro ici,

Le prologue explicatif de la convention ,

L’article d’un bien aimé confrère là aussi,

et… Bonne lecture à tous, rebonjour sur l’Antre de Poulpy !

Après la transmission de nos bonnes impressions du festival, des animations, des stands et des boutiques, après la retranscription d’interviews de graphistes d’auteur et d’éditeur, voici d’autres interviews, celles des invités spéciaux du salon, animateurs des tables rondes et surtout sommités lovecraftienne. Dans la seconde partie de cette seconde partie, nous reviendrons sur les conférences, sur ce que j’en ai retenu, sur leurs points forts. Cela vous tente ? Et bien, suivez le poulpe !

01_affichePoulpy le poulpe, attaché de presse pour les éditions de la Clef d’Argent, vous souhaite une bonne lecture et vous re-remercie d’avoir été aussi nombreux à participer au jeu concours « câliner Cthulhu » :)

Seconde partie : we all love(craft) you !

De petites présentations des invités de ce festival ici (vous pouvez bien sûr cliquer sur les liens ci-dessous pour accéder à leurs sites/blogs/Wikipedia). Poulpy et sa fidèle mascotte, Cthulhu le dieu de polyester, tient à tous les remercier de s’être prêtés au jeu et de s’être laissé interviewer. Merci ! Merci ! Que nos dieux soient avec vous, qu’ils vous mangent en premiers ! Pour ne pas vous perturber, amis lecteurs, voici les interviews dans l’ordre des présentations d’invités sur le site de la Necro :

Fabrice Gagos, Svart
Auteur, peintre et illustrateur

Je travaille principalement dans le fantastique, et surtout dans l’horreur, donc Lovecraft m’a influencé indirectement, par le biais d’autres écrivains et graphistes. Quand on aborde ce sujet, on va forcément faire référence à HPL d’une manière ou d’une autre. Je le cite d’ailleurs dans ma BD, Ghouls of Nineveh (parue aux éditions Sombrebizarre) et j’ai tendance a dessiner beaucoup de tentacules ;)

Mes influences ont été influencées par Lovecraft, donc je suis un peu son « petit fils ». J’ai entendu parler de Howard Phillips Lovecraft pour la première fois dans une oeuvre de Stephen King (Crouch End) et dans son essai, Anatomie de l’horreur. Et puis je me suis aperçu que Mignola, un de mes auteurs préférés, en faisait également référence dans Hellboy.

Poulpy : Comment représentez-vous l’indicible quand vous réalisez une oeuvre influencée par cet écrivain ?

C’est celui qui se prépare à le représenter qui va décider de comment il va le faire, tout simplement parce qu’il y a rarement des descriptions très précises des monstres chez Lovecraft et il faut jouer sur son ressentit et sur ses envies. C’est pour cela qu’il existe des versions très différentes de la même créature. Les illustrations et l’imagerie que nous voyons dans les films sont très variées pour cette raison. Nous ne sommes pas coincés dans une description précise et nous réinterprétons le mythe à notre convenance.* lorsque je créer quelque chose, ce n’est pas intellectualisé, je travaille au filing et je laisse vivre mes créations à travers moi.

*voir l’article précédent et l’interview de Xav.

02_Fabrice_GagosJ’aime travailler à la méthode traditionnelle, avec des lavis monochromes, et je me tourne de plus en plus vers l’acrylique (comme vous pouvez le voir sur les toiles qui sont exposées). J’aime changer régulièrement de techniques et repasser certaines œuvres à la peinture numérique.

P : Avez-vous des influences graphiques ?

Oui, en effet. Je suis très inspiré par les auteurs indépendants de comics américains comme Guy Davis (BPRD) – et lui sait très bien représenter les monstres lovecraftiens – ou Ben Templesmith (30 jours de nuit) qui aime aussi mixer les médias. J’ai toujours eu envie d’explorer la technique de ce dernier. Certains écrivains abordent des thèmes qu’il me plaît de représenter, tels que ceux de Clive Barker, qui possède son petit côté « indicible ».

En ce moment j’écris des romans horrifiques. L’horreur, c’est ma façon de m’exprimer, cela m’a toujours fasciné. Il m’arrive de faire des activités BD avec des enfants, et quand on leur demande ce qu’ils veulent dessiner, c’est souvent des monstres. Je pense que si ce style me plaît, c’est peut-être parce que j’ai gardé mon âme d’enfant. Représenter nos peurs est une de mes passions et, sous le couvert de l’horreur, on peut parler de tout d’une manière divertissante. Mes personnages sont au centre de mes histoires. C’est à travers leurs réactions que nous voyons leur état de pensée, parfois critiquable. Ils sont souvent pleins de préjugés que je démasque et que je casse.

Le second tome de sa BD, Ghouls of Nineveh, ainsi que ses deux romans sont en préparation. Vous pouvez suivre leur développement sur son site, svart.fr, prendre connaissance de son projet de jeux vidéo – qu’il réalise entièrement seul – et découvrir sa biographie ! Sa contribution pendant la table ronde construire une mythologie en littérature vous sera révélée en fin d’article…

Patrice Louinet
Traducteur, essayiste, spécialiste no1 de R.E. Howard

Poulpy : De quoi allez-vous parler durant les tables rondes ?

Hormis mon projet de publication de la correspondance entre Howard Phillips Lovecraft et Robert Ervin Howard – que je réalise avec David Camus –, mon travail n’est pas lié à Lovecraft. Mais étant donné leur affinité, il semblerait que j’ai mon mot à dire pendant les conférences…

Une des correspondances majeures de la littérature générale, que je place au-delà du cadre de la littérature de genre, est celle qu’il y a eu entre ses deux auteurs. Ce sont deux penseurs de la moitié du vingtième siècle aux États-Unis, deux auteurs majeurs de la littérature d’imagination, qui abordent des kilotonnes de sujets différents, comme les Celtes, le métier d’écrivain, le Fantastique, en passant par leurs voyages, le climat, leurs plats préférés, les animaux domestiques… C’est passionnant. Et nous essayons de faire paraitre tout cela en français.

Au début de leurs conversations, Howard est vraiment intimidé par Lovecraft. Et peu à peu, c’est lui qui va prendre l’ascendant sur cet écrivain. Vers la fin, il y a une sorte d’hostilité subjacente entre les deux hommes, Howard balance sans arrêt des « piques » concernant la prise de position politique d’HPL, car il est beaucoup plus libertaire que son correspondant. Contrairement aux idées reçues, la vie de Robert E. Howard a été assez gaie. Il a écrit énormément de textes humoristiques, ce qu’on ne sait pas en France. Sur les derniers mois de sa vie, ça a été autre chose… – découvrez plus de détails sur la vie d’REH et sur ses œuvres dans le nouveau livre de P. Louinet, Le guide Howard.

03_Patrice_LouinetP : Qu’elle sont vos nouvelles favorites de R.E. Howard et H.P. Lovecraft ?

J’aime énormément les nouvelles de boxe et les westerns humoristiques d’REH. Elles sont absolument extraordinaires. L’humour repose sur le type de langage, les expressions et les onomatopées, ce qui fait qu’elles sont quasiment impossibles à traduire en français. Howard est un des rares créateurs qui réussit à me faire rire à voie haute pendant sa lecture et ses adaptations en BD et en film. Nous associons souvent l’image de Howard à quelqu’un de sombre, mais il a écrit une soixantaine de textes bidonnants.

Si je n’arrive pas à accrocher à la période dunsannienne de Lovecraft, j’apprécie énormément ses « yog-sothoteries », les textes du style de L’appel de Cthulhu qui sont des récits fondateurs. Ma nouvelle préférée est La couleur tombée du ciel, dans laquelle il ne se passe absolument rien, qui prend un postulat qui va jusqu’au bout et qui est amené à son terme sans aucun effet mélodramatique. Cette histoire me glace le sang, car elle nous fait comprendre que nous ne servons à rien, que tout ce que nous faisons est inutile et qu’on ne pourra pas empêcher les choses d’arriver. C’est quelque chose que je retrouve aussi chez Howard.

Je n’aime pas l’appellation Mythe de Cthulhu, car ce n’est pas le terme qu’aurait choisi Lovecraft, nous le devons à Derleth. Je n’aime pas que l’on pose des étiquettes sur les auteurs, et nous l’avons beaucoup fait chez ces deux écrivains. Dans mes essais, je vais souvent à l’encontre de ce genre d’appellations réductrices.

P : Comment avance votre projet de publier les travaux de Howard en France ?

Je viens de terminer pour Bragelonne le douzième volume de l’intégrale de ses nouvelles fantastiques et aventures fantasy, ce sont déjà de gros pavés. Je viens de publier Le guide Howard chez ActuSF, qui s’adresse aux gens qui connaissent REW par le biais des adaptations, mais n’ont jamais lu ses livres. Je rédige une thèse à la Sorbonne et je prépare la publication de la correspondance entre Robert E. Howard et Howard Phillips. Lovecraft. Pour l’instant, je me demande encore sous quelle forme je vais publier la partie la moins connue des œuvres de R.E. Howard. Pour Bragelonne, je suis traducteur et directeur de collection, donc j’ai toujours mon mot à dire sur les publications. C’est à moi de choisir le contenu de tous les volumes de Howard.

P : En quoi consistent vos recherches pour la Robert. E. Howard Foundation ?

En tant que codirecteur de la R. E. Howard Foundation, mon but est de promouvoir les œuvres et les études concernant cet écrivain. Mes travaux consistent à me rendre à des conventions, à mettre à disposition de bonnes versions des textes de REH, m’assurer que toutes les parutions le concernant soit les plus respectueuses possible et à publier de nouveaux livres. J’ai récemment dirigé l’anthologie des récits de boxe d’Howard en quatre volumes. Cela m’a pris beaucoup de temps, car j’ai épluché une quantité d’archives. Je m’intéresse de toute façon beaucoup à cet auteur en dehors de la fondation, c’est le cadre de toutes mes recherches. Je respire Howard :)

04_Robert_E_HowardP : Avez-vous un objectif particulier à atteindre dans les années qui viennent ?

Oui, effet. Il s’agit de ma thèse que je travaille depuis quinze ans. J’espère la terminer l’année prochaine ! Le titre est Traumas et conflits symboliques dans l’œuvre de Robert E. Howard. Je m’attaque à un gros monstre. Je pense que ça va faire du bruit lors de la publication, mais je n’en dis pas plus pour l’instant.

P : Pour finir, avez-vous un petit quelque chose à communiquer à nos lecteurs ?

Un petit mot spécial pour la Clef d’Argent : maintenant que les textes de Lovecraft et de Howard paraissent en édition respectueuse, avec de bonnes traductions, j’aimerais que l’on fasse la même chose pour Clark Ashton Smith.

Poulpy : En effet, cela serait somptueux ! – Les tables rondes traitant de H.P. Lovecraft, l’homme et Traduire HP Lovecraft sont, elles aussi, résumées en fin d’article…

Bertrand Bonnet, Nébal
Blogueur, essayiste et traducteur

Bertrand Bonnet est un grand collègue de Poulpy, qui rédige des articles pour son blog, Nébal est un con, depuis de nombreuses années. Il est connu pour ses critiques très directes, qui font tout son charme. Par exemple, pour celle à propos des livres d’Alain Pelosato, qui était présent avec nous. Pendant les tables rondes, surtout celle appelée Adapter Lovecraft : cinéma & littérature de l’indicible, ces deux personnages ont longtemps échangé leur point de vue en matière d’adaptations lovecraftiennes, ce qui à animé ce passionnant débat et en à fait celui à ne pas rater en ce week-end. J’ajouterais que les allusions d’Arnaud Delalande ont également beaucoup contribué sur la qualité de cette table ronde. C’est un sujet que j’aime aborder en temps normal (voir ce top30 de films d’horreurs, que je développerais un jour), donc que je vous invite à découvrir un peu plus bas dans cet article. La seconde table ronde avec Bertrand Bonnet s’intitulait Jouer avec le mythe : JDR & HP Lovecraft. Il va à présent vous parler de sa passion pour Howard Phillip Lovecraft :

J’ai découvert Lovecraft quand j’avais onze/douze ans. J’ai relu plusieurs fois ses textes et je commence à les lire en anglais. Je me régale toujours autant de ces nouvelles, et je les apprécie toujours un peu plus, ce qui est rare avec les auteurs que nous découvrons pendant adolescence. J’admire essentiellement deux choses : son sens de la construction du récit, c’est un maître de l’entrée en matière. Ses fameux premiers paragraphes sont composés de phrases qui sonnent bien, qui posent une ambiance très forte qui perdure pendant tout le récit. Et, comme disait Fritz Leiber, l’horreur selon Lovecraft est une véritable révolution copernicienne. Lovecraft a créé son propre genre avec des gens qui ont essayé de faire comme lui en essayant de reprendre son lexique, mais la plupart n’ont fait que de la quincaillerie. Lovecraft ne plaçait pas son « mythe de Cthulhu » au centre de l’histoire, ce n’était qu’une trame. Ce sont tous ses questionnements philosophiques qui sont les plus intéressants, comme ceux sur le matérialisme mécaniste. C’est unique en son genre, surtout pour un auteur qu’on a cantonné dans le populaire. C’est du divertissement brillant, mais aussi des textes d’une adresse qu’on rencontre peu souvent dans la production pulp.

J’ai découvert Lovecraft d’une très mauvaise façon, car j’ai commencé par lire les livres parus chez Presses-Pocket, annoté Lovecraft et Derleth. Ce sont les collaborations posthumes écrites par Derleth qui ne sont pas très bonnes et ne correspondent pas à tout ce qui fait l’intérêt de Lovecraft. J’ai également lu le cycle de Titus Crow de Brian Lumley, en trouvant ça rigolo. Aujourd’hui je trouve ça abominable.

Dans le cercle des correspondants d’HP. Lovecraft cette idée de jeu d’emprunt et de création d’une mythologie est quelque chose de vraiment fascinant. Le problème est qu’il y a eu Derleth à qui nous devons l’invention du concept de Mythe de Cthulhu. Il a imposé une interprétation pas très orthodoxe dans ses textes à lui et dans ceux qu’il choisissait d’éditer. Il a patronné des auteurs comme Brian Lumley ou Ramsey Campbell qui ne sont pas vraiment intéressants. À l’heure actuelle, il y a des tas d’anthologies lovecraftiennes et il est impossible de suivre toutes les sorties. Certains textes sont très bien écrits, notamment parmi les auteurs qui tentent de s’éloigner de la quincaillerie des monstres à la Cthulhu pour aller au fond de ce qui fait l’intérêt de Lovecraft. Avec le temps, les textes d’HPL se dépopularisent en quelque sorte, et ne ciblent plus le même public d’autrefois. Ils se réactualisent.

05_Bertrand_BonnetLe troisième tome de Black Wings, une anthologie éditée par S.T. Joshi illustre bien mon propos. Il y a du copinage au sommaire de ce livre, des gens qui ont écrit dans Lovecraft studies, qui ne sont pas vraiment connus en tant qu’écrivains. Ils arrivent à concevoir quelque chose qui recycle utilement les mécaniques de ce qu’on a appelé le Mythe de Cthulhu en s’éloignant de la « vision » de Derleth. À côté de cela, il y a aussi des auteurs qui ne sont pas dans ce carcan fandomique et qui reprennent les thèmes lovecraftiens d’une autre manière, comme Albert Sanchez Pignol et La peau froide ou Anders Fager et Les furies de Boras.

P : De quoi préférez-vous parler dans vos critiques ou vos articles ?

Pour mon blog, je suis parti d’une idée un petit peu débile, c’est que je chronique tout ce que je lis. Donc des bonnes choses, des moins bonnes choses, etc. Ça peut aussi bien être de la science-fiction ou des essais. Je ne peux pas dire que j’ai des préférences très marquées depuis les sept ou huit ans d’existence de mon blog. C’est dernières années, j’ai passé pas mal de temps à rédiger le Bifrost spécial Lovecraft. J’ai lu beaucoup d’articles en anglais sur HPL, surtout dans des fanzines. Cela m’a permis de renouveler la perception que j’avais de cet écrivain. J’ai quelques projets de nouvelles, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec Lovecraft (plus d’infos sur son blog !) et j’aimerais bien écrire des romans sur l’imaginaire au sens large.

Jérome Bouscaut
Scénariste de jeu de rôle, chroniqueur

J’anime deux tables rondes à la Necronomi’con. Une sur le jeu de rôle, Jouer avec le mythe : JDR & HP Lovecraft, l’autre sur les adaptations cinématographiques, Adapter Lovecraft : cinéma & littérature de l’indicible. Nous allons beaucoup parler de la façon de jouer avec le mythe, de comment nous pouvons détourner les codes et comment les utiliser selon les attentes des fans. Comment se faire peur en adaptant Lovecraft sur tous les supports, que ce soit autour d’une table, en musique, au cinéma et même en jeu vidéo. Et nous allons discuter des façons qu’ont eux certains auteurs pour retranscrire et s’approprier les œuvres d’HPL.

Poulpy : Qu’est-ce qui vous interpelle le plus dans les nouvelles d’HP Lovecraft ?

Je pense que c’est la « mythologie », ou la cosmologie, plus que son style littéraire. C’est l’univers qu’il a réussi à créer et comment il a fédéré d’autres auteurs autour de son œuvre, qui continues à l’agrandir. L’œuvre a dépassé le maître, à tel point que certaines créatures du mythe que nous connaissons bien et que nous « vénérons » n’appartiennent même pas à l’univers original ! Lovecraft a semé une graine, et c’est devenu gigantesque.

P : Donc, pour vous, les Grands Anciens ont mangé Lovecraft. – Je lui souhaite !

P : Comment avez-vous découvert le jeu de rôle l’Appel de Cthulhu ?

C’était il n’y a pas si longtemps de ça, il y a à peu près six ans, quand j’ai emménagé à Toulouse et que je suis rentré dans une association de JDR. Un des maitres de jeu animait du Cthulhu. J’ai tout de suite accroché. C’est cette personne qui m’a initié, car il possède une large bibliothèque dédiée à Lovecraft. J’ai plongé dedans et j’ai dévoré tous ses textes.

Je suis plus MJ que joueur et ce que j’aime c’est l’effet de surprise, que je développe en jouant avec les codes. Il y a des spécialistes de l’Appel de Cthulhu qui arrivent à trouver le nom d’une créature en analysant une seule empreinte de pas. Ça fait peur ! Par exemple, je vais décrire une empreinte en forme de sabot de chèvre que mes joueurs trouvent à l’orée d’une forêt. Leur réaction sera : c’est un rejeton de Shub-Niggurath ! …Sauf que non, c’est une goule, car elles peuvent également avoir des sabots.

06_Jerome_BouscautDécouvrez son webzine, Le maraudeur, dédié au jeu de rôle, à cette adresse. Leurs projets pour les éditions Sans-détour (voir le précédent article) y sont référencés, d’autres sont à venir, car Jérôme Bouscaut garde, à titre personnel, de bons souvenirs de ce partenariat…

Le maraudeur est un webzine totalement gratuit conçu par des bénévoles et dédié au jeu de rôle ainsi qu’aux sources d’inspirations de maitres de jeux, donc nous parlons également de littérature, de cinéma et de séries. Nous réalisons des chroniques de jeux de rôles.

Arnaud Delalande
Romancier et scénariste de BD

Lors de la table ronde sur H.P. Lovecraft, l’homme nous avons parlé de sa biographie sous couvert de son œuvre. C’était l’occasion de discuter de ses traits de caractère, de sa psychologie, de sa postérité. Et nous avons abordé le sujet de l’indicible chez Lovecraft dans Adapter Lovecraft : cinéma & littérature de l’indicible. C’est un sujet à la fois littéraire (comment retranscrire ce genre d’horreur très particulier et ce que ça signifie du point de vue des procédés) et cinématographique (quelle est sa postérité sur grand écran et comment peut-on adapter Lovecraft, représenter visuellement son univers). Un sujet passionnant.

Ce qui me fascine dans les nouvelles d’HPL c’est cette forme d’horreur radicale qu’il invente. Avant lui il y a eu des récits horrifiques, fantastiques, des contes gotiques, tout un héritage de contes folkloriques autour des vampires, des monstres ou de la sorcellerie. Mais avec Lovecraft nous entrons d’une autre façon dans une horreur intelligente, métaphysique, qui déborde du cadre du récit traditionnel et devient une horreur qui nous place fasse à l’immensité d’un espace peuplée de divinités montueuses. C’est finalement une forme d’absence de transcendance, d’espérance, une vision infernale. Une horreur métaphysique devant les espaces éternels, dirait Pascal. Sauf que Lovecraft n’est pas un mystique. Il ne croit pas. Comme le disait fort justement David Camus, c’est une sorte de Pascal sans la foi.

J’ai découvert Lovecraft quand j’étais ado, en plein dans ma période Stephen King. C’était les débuts du jeu de rôle l’Appel de Cthulhu, donc tout cela faisait partie de la même constellation. Je suis passé à côté du plus important de ses œuvres, que je trouvais un peu grand-guignolesques. Tous ces dieux avec de grandes majuscules, ses noms invraisemblables… C’est en le redécouvrant presque vingt-cinq ans plus tard que j’ai pu gouter tout le sel de cet univers et que j’ai compris son approche en le lisant sous un angle complètement différent. Tout à coup son œuvre était éclairée, beaucoup plus approfondie que je ne le pensais. J’ai lu l’intégrale de ses nouvelles, y compris les choses qui ont été écrites à son sujet et les récits qui ont été rédigés par ses petits camarades avec qui il sévissait dans Weird Tales. C’était une redécouverte en deux temps.

Poulpy : Que pensez-vous des nouvelles qu’il a retravaillé pour d’autres, et des nouvelles inspirées de son univers qui ont été écrites par d’autres personnes que lui ?

C’est un petit peu ce qui nous rassemble à la Necronomi’con. À son époque il y avait une espèce de convention, une communauté d’auteurs s’échangeant des idées. C’est quelque chose qu’on a un petit peu perdu, même si ça a continué dans les années soixante-dix, autour de la bande dessinée par exemple, avant de péricliter. Il y avait cette ambiance de groupuscules qui se rejoignaient autour d’un genre ou d’un art particulier. Je suis très sensible à cette dimension, au fait que différents auteurs aient alimenté le mythe. Lovecraft faisait aussi des allusions à certains livres maudits de ses confrères. Cette façon d’édifier patiemment une mythologie communautaire assaisonnée de clins d’œil qui sont aussi des démonstrations de camaraderies, de connivence, c’est sympathique et surtout fondateur. Des gens incroyables, comme Howard, Bloch, Matheson, Clark Asthon Smith, etc. ont ajouté des pierres à l’édifice.

P : Qu’est-ce qui vous a poussé à débuter dans le domaine de l’écriture ?

J’ai commencé à écrire très tôt, quand j’étais gamin. Je voulais faire du dessin de bande dessinée, car j’avais un très bon coup de crayon, et puis je l’ai un peu perdu parce que j’ai fait d’autres études. J’ai toujours eu dans l’idée de continuer à écrire, même quand je faisais histoire et science-po. J’ai publié mon premier livre, Notre-Dame sous la terre, en sortant de mes études, ça a orienté très vite le débat parce que j’étais vraiment jeune. C’était à la fois une bénédiction, mais c’était également problématique, car ce genre de travail empiète beaucoup sur la vie professionnelle. À partir du moment où l’on essaie de prendre l’écriture au sérieux, c’est très chronophage. Il a fallu construire des choses petit à petit, travailler en écrivant. Quand j’ai pu faire la bascule, je l’ai fait. C’était mon désir qui remontait depuis la petite enfance.

07_Arnaud_DelalandeJ’ai écrit beaucoup de polars historiques se passant au dix-huitième siècle, comme Le piège de Dante ou Les fables de sang. J’aime reconstituer des époques. Il se trouve que Le piège de Lovecraft est une intrusion dans un genre que j’ai toujours adoré, mais dans lequel je n’ai pas vraiment sévi en tant qu’écrivain, le genre fantastique. C’était donc l’occasion de retrouver un peu tardivement Howard Phillips Lovecraft. Ce livre est un catalyseur de ma passion pour le genre. En tant que lecteur, je suis un boulimique du fantastique, j’adore également l’Histoire, mon livre est un gros hommage à tout ce pan de la littérature et du cinéma.

Maintenant que je ne fais plus qu’écrire, je me dois d’avoir plusieurs projets. Je travaille sur deux romans qui paraitront chez Grasset en 2017 et 2018 dans la veine historique avec mon héros récurrent du dix-huitième siècle qui mène une enquête sur la Révolution française, ce sera en deux tomes. Et puis je fais de la BD, par ailleurs, donc je réalise un roman graphique sur Alan Turing et finis mes séries en cours, comme Le dernier cathare et Aliénor. C’est en chantier pour l’année prochaine.

Francis Valéry
Romancier, nouvelliste et essayiste

Poulpy : Comment êtes-vous venu à découvrir les livres d’HP Lovecraft ?

C’est grâce à mon père, qui est fan de science-fiction. J’ai grandi dans une maison remplie de livres et de revues. J’ai lu Lovecraft au même titre que n’importe quel autre auteur en commençant à me dire qu’il était quelque peu original, différent de la plupart de mes écrivains habituels. C’était mon point de vue d’adolescent, qui n’était pas du tout étayé par des connaissances particulières. Je ne place pas Lovecraft au panthéon de mes auteurs favoris, mais c’est quelqu’un que j’ai souvent relu en anglais lorsque je suis devenu un professionnel dans le milieu de la littérature. J’ai commencé à m’intéresser à ses nouvelles et à prendre conscience de la place extrêmement importante que certains lui ont donnée à postériori (car à son époque, il est passé inaperçu). J’ai réévalué l’écrivain, plus que le personnage, car il ne me plait pas trop.

Quand j’étais jeune, j’ai lu un texte appelé Celui qui chuchotait dans les ténèbres. Je m’en suis souvenu longtemps, car il m’a terrorisé. Et puis je m’intéresse à la littérature pulps et populaire américaine des années trente/quarante, donc je me suis confronté à quelques rééditions de ses textes. C’est dans le cadre de cet intérêt général que je suis entré en contact avec les gens d’Arkham house et que je me suis procuré leurs éditons qui, à l’époque, étaient encore disponibles. Par le hasard des rencontres aux États-Unis et par celui des correspondances, je suis entré en contact avec des gens comme Joshi et Robert M. Price qui a fondé le plus vieux fanzine sur HPL, Crypt of Cthulhu. Il existe un large fandom autour de Lovecraft et de ses successeurs.

Dès les années cinquante, en France, il y a eu de bons retours de lecteurs d’H.P. Lovecraft* et c’est assez étonnant, car il était peu connu dans son propre pays. Les prescripteurs de Lovecraft on fait des pieds et des mains pour le faire connaître et quand quelqu’un adaptait une nouvelle de Lovecraft au cinéma, on la présentait en tant qu’adaptation de Poe. Alors qu’en France on trouvait plus vendeur de parler de Lovecraft. Il y a eu un renversement dans les années quatre-vingt-dix quand les américains ont pris conscience de leur « trésor national », au tout début de Necronomicon Press. Les français du milieu parisien ont une approche plus intellectuelle. Certaines personnalités avec un nom dans le monde des lettres se sont mises à s’intéresser à cet auteur obscur, en s’appuyant sur de mauvaises traductions, et tout le monde a suivi. Nous avons l’impression qu’il y a eu un assez large malentendu. Puis le cinéma et les jeux de rôles ont donné la dimension qu’il a aujourd’hui. Maintenant, sur cent personnes connaissant Cthulhu, cinq se sont donné la peine de lire l’œuvre d’HPL. C’est un écrivain qui a été dépossédé de ses créations.

*Nous devons ce fait à Jacques Bergier qui, même si sa santé mentale était défaillante, était un grand fan d’HPL (voir Le matin des magiciens). C’est lui qui a fait connaître cet auteur dans notre pays, et sans lui ou sans le jeune étudiant qu’était à l’époque Paul R. Michaud, il se peut que H.P Lovecraft soit resté un illustre inconnu ! Plus d’infos dans cet article. Car à Paris comme à Lyon Lovecraft vit ;)

08_Francis_ValeryFrancis Valery est l’auteur de nombreux essais, il a rédigé entre soixante-dix et quatre-vingts livres sur des séries télévisées et la bande dessinée. Il a énormément écrit de livres pour la jeunesse dans un registre fantastique, des romans de science-fiction et beaucoup de recueils de nouvelles. Son tout nouveau recueil, Un rêve mandarine est tout juste sorti. À côté de cela, l’homme est muséographe. Il monte des expositions pour des musées comme La maison d’ailleurs.

Je suis tout le temps mes envies, selon l’endroit où je vis, mes inspirations sont changeantes. J’écris ce que je vois, ce que j’entends ou ressens à un moment bien précis. J’entasse tout le temps des nouveaux matériaux de ce genre et, quand vient le processus créatif, je sors un nouveau livre. Je parle à la fois du réel et de ce qui me déplaît dans la société. Je suis amené à imaginer des choses qui me plairaient mieux ou qui fonctionneraient mieux. – Préparez-vous à découvrir sa participation aux discutions sur H.P. Lovecraft, l’homme et sur Construire une mythologie en littérature !

David Camus
Romancier et traducteur

Ce que je retiens des tables rondes, c’est l’implication du public. Il s’agit moins pour moi de ce dont j’aimerais parler, que des réponses aux questions que je peux apporter. Nous parlons de Lovecraft en général dans H.P. Lovecraft, l’homme et sur ses textes dans Traduire HP Lovecraft, mais le Lovecraft que j’ai découvert en lisant ses nouvelles, c’est un Lovecraft généreux et proche des autres, plus qu’on ne peut l’imaginer.

J’ai découvert ses livres dans la bibliothèque de ma mère. Ils faisaient pièce rapportée, je me suis demandé ce qu’étaient ses volumes sortis chez Présence du futur, traduits par Papi et Rivière. Ce que j’aime dans les œuvres d’HPL, c’est la tendresse, l’attention envers l’être humain dans la mesure où la situation dans laquelle nous sommes plongés est impossible à vivre de manière saine. La position de l’homme dans l’univers est intenable. Le corpus lovecraftien est varié, mais ce que je retiens c’est l’évolution que nous voyons dans les nouvelles telles que Les montagnes hallucinées et Dans l’abime du temps. C’est un Lovecraft qui se rapproche des autres. Il n’a jamais vraiment été coupé du monde (comme le veut la légende). Il a écrit énormément de lettres.

Entre sa première nouvelle publiée chez Weird Tales en vingt-trois et sa toute dernière, il c’est écoulé quinze-ans et son style n’a pas cessé d’évoluer. Il a une attitude digne face à l’horreur qui est touchante. Quand on lit l’Appel de Cthulhu, nous ne devons pas oublier que ce sont des textes qui commencent et finissent par « surtout n’allez pas là-bas ! Surtout, ne portez pas ses documents à la connaissance du public ». Si cette mise en garde est adressée, c’est bien dans un espoir de sauver l’espèce humaine. Nous-mêmes savons que cette mise en garde a échoué, puisque nous avons lu le texte. Je ne vois pas les narrateurs comme des solitaires coupés des autres.

Le fait d’avoir eu un numéro dirigé par François Truchaud des Cahiers de l’Herne consacré à Lovecraft des 1969 prouve qu’il a eu un bon accueil en France. Très peu d’auteurs étrangers ont eu cet honneur-là. Même si nous le connaissons depuis très longtemps, je pense qu’en fait nous l’avons réellement découvert que récemment. Les critiques qui ont formé ce numéro que je viens de citer n’ont lu Lovecraft qu’en français, donc ils ne l’ont pas vraiment lu, surtout quand on voie l’état des traductions de l’époque. Il reste tout un travail de chroniques à faire. Je pense aussi que le côté ludique qui accompagne les œuvres de Lovecraft est plutôt une bonne chose pour sa popularité, même si certaines voies s’éloignent beaucoup de l’original. Je me demande souvent ce que Lovecraft aurait pensé des jeux de rôles ou des produits dérivés Cthulhu, personnellement je pense que ça l’aurait fait sourire.

09_David_CamusJe suis très heureux d’avoir pu traduire Lovecraft et d’avoir aidé à la rédaction de certains livres comme Kadath, le guide de la cité inconnue ou comme mon adaptation de From Beyond avec Nicolas Fructus. Je projette de réaliser trois choses en rapport avec Lovecraft. Il y en a une qui consiste à traduire l’ensemble de la correspondance entre Robert E. Howard et HP. Lovecraft avec Patrice Louinet, nous avons ensuite le projet de publier une sorte de « best-off Weird Tales », un peu comme les essentielles de Weird Tales paru chez J’ai Lu. Un de mes tout premiers textes, quand j’étais ado, était très inspiré par Lovecraft et Poe. C’était des sortes de pastiches. De même, dans mes romans, comme Les romans de la croix, qui se déroulent à l’époque des croisades, il y a des références à HPL. Mais des nouvelles lovecraftiennes, c’est impossible à écrire. C’est un auteur inimitable et je ne vais pas me risquer sur ce terrain là, je ne me sentirais pas à la hauteur. Pour moi Lovecraft est aussi bon qu’un Proust ou qu’un Balzac. C’est un fabuleux écrivain.

Tristan Lhomme
Auteur de jeu de rôle, traducteur et nouvelliste

Ma découverte de Lovecraft s’est faite lorsque j’avais dix ans à la bibliothèque municipale. J’ai ouvert un livre qui m’a entrainé dans un monde totalement étrange et je n’en suis jamais totalement ressorti. La première nouvelle que j’ai lu de lui provenait d’un livre sur les explorations polaire, il s’agissait d’une version tronquée et simplifiée des Montagnes hallucinées. Ça a impressionné le gamin que j’étais. Je suis ensuite retombé sur d’autres de ses nouvelles à quelques années d’intervalles.

L’efficacité de ses propos, le fait qu’il arrive à articuler ce qu’il a à dire – l’insignifiance relative de l’espèce humaine par rapport au cosmos – d’une façon qui n’a jamais été égalée, reste un modèle de punch. C’est ce que j’aime faire ressentir dans mes jeux de rôles, dans l’Appel de Cthulhu pour lequel j’ai écrit une quantité phénoménale de scénarios. J’ai fait une petite incursion hors jeu de rôle ces derniers mois, ça s’appelle Revoir Rome, un fascicule rédigé pour le Carnoplaste*. En écrivant ce dernier, je n’avais pas l’impression d’être aussi cthulien que ça, mais en le relisant deux mois après sa sortie, je me suis rendu compte que je n’étais pas sorti de l’ombre de Lovecraft.

*Retrouvez l’interview de Robert Darvel, directeur de cette édition lors de ce très ancien article. La plupart des histoires publiées dans ces fascicules ont été rédigées à partir de l’illustration de couverture, toujours de bonne qualité et très fouillée, qui décrivent donc l’histoire en une image. Ce sont souvent des « histoires à trois ». L’idée provient de R. Darvel, l’illustration de couverture ainsi que le texte sont commandés et tentent de coller le plus possible à la vision d’ensemble de l’histoire. Un défi intéressant pour chaque collaborateur.

10_Tristan_LhommeCe qui m’exaspère chez les épigones d’HPL, c’est le fait que certains remplissent trois pages d’explications sur le mythe de Cthulhu, la chose à tentacules ou le livre écrit avant l’invention de l’écriture. J’essaie d’outrepasser ce côté et je trouve que les histoires fonctionnent mieux. En jeu de rôle, l’auteur fait des propositions à ces joueurs. Régulièrement, des MJ me contactent et me décrivent les changements qu’ils ont apportés au scénario de ma confection. Ils inventent des histoires qui n’ont plus rien à voir avec l’idée de base, mais ils sont ravis : ils pensent que c’est moi qui aie tout fait. Les gens prennent ce que je fais comme ça les arrange.

Poulpy : Qu’aimez-vous mettre en scène dans vos jeux de rôle ?

Le jeu de rôle est un média peu différent, excepté dans sa forme, de la nouvelle ou du scénario de films. Ce qui est intéressant c’est de pousser ses limites et de voir si on peut aller au-delà de ce qui a déjà été fait. L’Appel de Cthulhu a dépassé la barre des mille scénarios publiés. Nous pouvons nous contenter d’être en roue libre et d’écrire le même scénar que les six-cents petits camarades précédents, ou on peut essayer de trouver un autre angle d’approche. C’est là tout l’intérêt. Après la phase d’écriture, il y a l’aspect collaboratif. Il s’agit de raconter une histoire, mais de ne pas être nécessairement la personne qui impulse ses aspects les plus intéressants. À partir de ce point-là, nous construisons un hybride de l’histoire qui n’est pas complètement celle des joueurs et qui sera différente de la vôtre. Qui sera toujours différente.

Cette première est plutôt réussie. La température ne doit pas aider à l’affluence, mais c’est une bonne expérience, nous dit-il au sujet de cette Necronomicon. (qui est le connard qui a invoqué Chtugha ?!), et vous découvrirez ses impressions sur des sujets comme Jouer avec le mythe : JDR & HP Lovecraft et Construire une mythologie en littérature. Vous pouvez également en savoir plus sur ses créations pour les éditions Sans-détours en vous rendant dans la petite partie qui leur est dédiée dans le précédent article ! En ce moment il peaufine son nouveau scénario, L’aventure effroyable, qui sortira dans la V7 de l’Appel de Cthulhu, dont il a écrit une bonne partie (ce sera à découvrir très prochainement…). Remercions tout particulièrement ce maître d’avoir répondu à nos questions sous une chaleur de plus de quarante degrés (c’est fort !). Heureusement que les organisateurs palliaient à leur déshydratation ;)

Christophe Thill
Editeur, anthologiste, traducteur et nouvelliste

Les tables rondes ont rameuté du monde. On nous a posés par mal de questions et beaucoup de visiteurs sont venus nous voir sur le stand. Nous avons eu la possibilité de prendre contact avec de nombreuses personnes liées entre elles par un amour de la littérature. Toutes les occasions sont bonnes pour parler de Lovecraft. Il y a énormément de thèmes à aborder. Je n’ai pas envie de parler de ceux que je ne connais pas, comme la BD ou le jeu de rôle, car je n’ai pas les compétences, mais en dehors de ça on peut me faire parler d’à peu près tout, comme de H.P. Lovecraft, l’homme et Traduire HP Lovecraft, par exemple. La difficulté est plutôt de me faire arrêter :)

Lovecraft a été un des premiers à mettre en avant le fait que la littérature fantastique est une littérature d’atmosphère. Même si dans des textes comme Les montagnes hallucinées ou Dans l’abime du temps il y a des aspects métaphysiques et civilisationnels qui sont très forts, avant tout, Lovecraft est le gars qui nous entraine par la main dans un dédale de rues taillées dans de grosses pierres, parois englouties par la glace ou le désert, et qui nous fait découvrir des Choses extraordinaires.

Poulpy : Pourquoi vous êtes-vous intéressé aux œuvres de Robert W. Chambers ?

Premièrement, c’est à cause de la manière dont Lovecraft en parle dans son essai Épouvante et surnaturel en littérature, je suis tout à fait de son avis. C’est un auteur passionnant, mais qui a gâché sa carrière en écrivant des romans à l’eau de rose. Chambers et sa notion de péché introduit un univers très mystérieux, car il en dit peu de choses, il se contente de glisser des allusions à l’inconnu qui viennent pimenter des histoires et ajouter des éléments d’atmosphère, tout comme Lovecraft. Nous pouvons comprendre qu’HPL, en découvrant Chambers en 1926 après avoir écrit l’Appel de Cthulhu, a été frappé par cela. Il ne s’en est pas inspiré, mais à découvert un auteur doté d’un esprit très similaire au sien.

Les livres de Chambers n’étaient pas disponibles en français à l’époque de ma lecture de cet essai. L’édition Marabout était exécrable donc il y avait un travail de réédition et surtout de traduction à faire. Pour la création de cette nouvelle version, j’ai redécouvert non seulement Le Roi en jaune, mais toutes les nouvelles fantastiques de Chambers. C’est un auteur très prolifique, il a écrit quatre-vingt-dix livres, et cette partie de son œuvre représente seulement une petite parcelle. On en a vite fait le tour. Ce sont des récits très beaux dans le genre fantastique décadent. Il y a un peu le même charme que dans les livres d’Arthur Machen. Une espèce de fascination pour l’esthétisme, la beauté, et en même temps, pour le mal. Lovecraft disait que chez les décadents, la conception du mal est beaucoup trop humaine et beaucoup trop tirée des vieux enseignements de la religion chrétienne. Nous n’arrivons pas à dissocier le mal du péché. Pour HPL, le mal c’est l’horreur cosmique, c’est le destin épouvantable qui nous attend. En fait, dans son œuvre, on ne peut pas parler de mal, car on ne peut pas non plus parler de bien.

11_Christophe_ThillP : Que pensez-vous des allusions à Chambers que Lovecraft ajoute à ses textes ?

C’est le grand jeu de Lovecraft et de ses copains qui consistait à s’emprunter mutuellement des éléments de mythologie et à les balancer au détour d’une phrase de manière à épaissir ou à assombrir l’ambiance. Il était presque inévitable que le Roi en jaune et Hastur (ce dernier provenant originairement d’une nouvelle d’Ambrose Bierce) apparaissent dans une de ses nouvelles, Celui qui chuchotait dans les ténèbres, où tout cela est cité au cours d’une longue conversation nocturne. C’est un ingrédient qui donne une saveur forte, je suis d’avis qu’il ne faut pas chercher plus loin.

Je pense que Chambers aurait apprécié de voir son Roi en jaune dans une nouvelle de Lovecraft et je ne sais pas ce qu’il aurait pensé de la conception lovecraftienne de l’horreur. RW. Chambers ne pouvait pas s’empêcher de glisser du sentimentalisme dans ses histoires, en grandes proportions. Ce qui, pour le maître de Providence, était totalement indigeste. L’arrière-plan de la conception de l’horreur est tout de même commun aux deux hommes.

P : Avez-vous déjà pensé à écrire des nouvelles ou des essais ?

J’aime parler de mes auteurs préférés et développer certains aspects de leurs histoires, mais la fiction, ce n’est pas mon truc. Je préfère faire bosser les autres. J’ai des projets d’éditions. Chez Malpertuis, nous avons un certain nombre de livres en attente de publication ou de relecture. Nous avons également des projets autour de Lovecraft, qui sont en train de murir dans notre tête…

P : Et qu’attendez-vous pour publier la suite du Club Diogène ?! :D

Je suis très heureux de voir l’engouement des fans pour cette série et je rappelle pour nos chers lecteurs qu’il s’agit d’une œuvre commune de deux jeunes gens qui se sont connus à l’époque du lycée et qui ont écrit ensemble l’équivalent de deux volumes et demi du Club Diogène*. Quand ils ont eu l’accord enthousiaste de Malpertuis pour les publier en de plus grands formats que ceux de la Clef d’Argent (car à l’époque nous n’avions pas la possibilité d’éditer de si gros volumes – Poulpy), ils ont eu un petit travail de révision à faire. Le problème commence quand ils arrivent en bout de stock, qu’ils n’ont plus de textes prêts à être révisé, mais juste un synopsis. Ils savent ce qu’il va y avoir dans chaque volume, quels personnages vont disparaître et quels autres vont arriver, quel volume va être écrit de quelle manière, mais il reste à les écrire. Il se trouve que maintenant, Jérôme Sorre et Stéphane Mouret ont tous les deux des responsabilités au sein de l’éducation nationale et auprès de leurs familles et n’ont pas tout le temps qu’ils souhaiteraient.

Ils sont en train de travailler sur le tome quatre, il sera publié. Nous espérons que les sept volumes sortiront comme prévu. Dans un des tomes, il y aura une histoire du point de vue de chacun des personnages, un autre sera un roman. Voici les petites variations qui vont être introduites, mais je ne peux pas en dire davantage. Les premières éditions parues chez la Clef d’Argent étaient très belles, les illustrations d’intérieurs étaient vraiment réussies, mais les reprendre nous posait techniquement problème. Il est vrai qu’une adaptation en bande dessinée du Club Diogène serait une très bonne idée :)

*Poulpy, grand fan du club Diogène, a rédigé une chronique doublée d’une interview il y a quelque temps que vous pouvez consulter ici si vous ne connaissez pas cette super série, ou que vous avez envie d’en savoir plus sur cet univers en développement.

12_diogeneLe Club Diogène par Fernando Goncalvès-Félix.

P : Pour vous, quel est le grand objectif des éditions Malpertuis ?

Nous en avons plusieurs. Nous voulons publier le fantastique que nous aimons pour ceux qui l’apprécient autant que nous. Nous désirons faire émerger de jeunes auteurs, des personnes que nous nous efforçons de soutenir autant que nous pouvons. Nous mettons en avant de jeunes talents prometteurs ou accomplis qui n’ont plus qu’à se faire connaître. Il nous arrive également d’exhumer de vieux textes, mais nous avons laissé de côté cet angle-là, que je pense faire revivre à travers Chambers et Lovecraft. Certains textes d’HPL ne sont pas des inédits, mais ils méritent de ressortir sous des formes corrigés et mises à jour. Je ne veux pas en dire plus, au cas où mon projet ne se réalise pas, car je ne veux décevoir personne.

J’aime particulièrement entrer en contact avec de jeunes auteurs et découvrir de bons textes. Et puis il y a la reconnaissance de nos lecteurs. Nous réalisons notre anthologie annuelle sur le fantastique général, et nous nous rendons compte que les auteurs sont fiers d’y être inclus. Ça nous fait plaisir !

P : Pouvez-vous présenter votre groupe, les Deep Ones, à nos lecteurs ?

Les Deep Ones ont été créées par Guislain Morel du Naheulband. C’est un noyau de musiciens et d’auteurs proposant des prestations qui consistent à lire des textes fantastiques, horrifiques, de fantasy et de science-fiction accompagnée d’un accompagnement musical en partie improvisé. Nous nous produisons là où on veut bien de nous, souvent dans des festivals, comme aux Oniriques ou très prochainement à Nancy autour de débats sur la réédition du texte complet de Daphné du Maurier, Rebecca. Mélanie Fazi, qui fait partie de notre bande, a écrit une nouvelle dans Bifrost appelée La clef de Manderley, qui fait référence au manoir que l’on croit hanté du début à la fin du film d’Hitchcock adapté de ce livre. Notre thématique sera tournée autour du cinéma et du thème des maisons mystérieuses. – Nous espérons en effet que les Deep Ones seront des nôtres lors d’une prochaine édition de la Necronomi’con, que nous attendons avec beaucoup d’impatience (Poulpy).

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de rencontrer le fameux Raphaël Granier de Cassagnac (directeur de collection, romancier et nouvelliste*) comme prévu – et c’est bien dommage – car il n’était présent qu’une journée sur le festival, ni même Sonia Quémener (romancière, nouvelliste et traductrice**), pour les mêmes raisons. Je tiens à m’excuser auprès d’eux et de vous, chers lecteurs, ainsi qu’a Alain Pelosato (éditeur, rédacteur en chef, romancier et essayiste***), que je n’ai pas eu l’occasion d’aborder alors que lui était présent tout au long de ce festival, souvent absorbé par d’innommables lectures. Vous trouverez néanmoins les résumés des tables rondes auquel ils ont tout les trois participé, ci-dessous, après ses présentations.

*Raphaël Granier de Cassagnac : né en 973, Raphaël Granier de Cassagnac est à la fois romancier, nouvelliste et chercheur en physique des particules. S’il a fait ses premières armes d’auteurs dans le genre fantasy, et publié pour des éditeurs comme Fleuve Noir et Nestiveqnen, c’est l genre de la science-fiction qui accueille ses deux premiers romans, Eternity Incorporated et Thinking Eternity, tous deux publiés aux Editions Mnémos, maison pour laquelle il dirige la collection Ourobores. Sa participation aux tables rondes : construire une mythologie en littérature.

Actuellement, il fait la promotion de son nouveau projet, Jadis, un « livre-univers » qui sortira aux éditions Mnémos en novembre 2015 : Il décrira sous la forme de récits, d’illustrations, de cartes et de notes les destins et les vies mouvementées de cinq personnages au sein d’une ville immense, baroque et fantasque. Comme pour le magnifique livre Kadath, le guide de la cité inconnue, ce sera un ouvrage à plusieurs mains illustré par le talentueux Nicolas Fructus. Et ce sera également un hommage aux récits de Don Quichotte, aux trois mousquetaires et aux inventions de Leonard de Vinci. Tout cela est décrit sur le site d’Ulule et vous pouvez également participer au financement participatif conçus afin de le publier dans la plus belle édition possible.

**Sonia Quémener : née en 1962, Sonia Quémener se fait connaître en tant que traductrice dès la fin des années 1980, autour de licences comme Les royaumes oubliés (dont elle a traduit plusieurs cycles). On lui doit également des traductions d’auteurs comme Iain M. Banks et Rhys Hughes. Elle est également l’auteur de 16 nouvelles, parues dans des revues comme Fiction, et de deux recueils, l’un, Paysages d’après, paru aux éditions Lacour, l’autre, L’Illusion du contrôle, nouvelles implausibles, au peuple de Mü. Sa participation aux tables rondes : traduire HP Lovecraft.

***Alain Pelosato : né en 1946, Alain Pelosato a été tour à tour créateur et directeur de la maison d’édition Naturellement, rédacteur en chef, essayiste et romancier. Il a ainsi publié de nombreuses études sur différents aspects du cinéma fantastique, des romans (parmi lesquels Ruines, Fleur de souffre, et La compagnie des clones). On le connaît également sous le pseudonyme de Pierre Dagon. Ses participations aux tables rondes : construire une mythologie en littérature et adapter Lovecraft : cinéma & littérature de l’indicible. A. Pelosato, en photo :)

13_Alain_PelosatoPoulpy : Que pensez-vous de la Necronomi’con ?

Je pense que c’est une bonne initiative. Lovecraft fédère pas mal de médias, que nous pouvons voir ici. Il y a encore quelques réglages à faire, pour une première, notamment au niveau de la communication, mais malgré ça je pense que dans plusieurs années la Necronomi’con va devenir un évènement d’importance, car une grande part du fantastique est réunie sous la bannière des Grands Anciens. – Fabrice Gagos.

Le côté sympathique des festivals est le fait que nous pouvons retrouver des connaissances, des amis, faire la connaissance de nouvelles personnes, échanger des idées pendant les tables rondes puis après, où nous pouvons nous lâcher. C’est quelque chose que j’apprécie particulièrement en tant qu’intervenant Patrice Louinet.

PS En tant que membre de la Fondation Howard, qu’auteur de livres de référence et de traductions au sujet de cet écrivain ami d’HPL, Partice Louinet a été invité à de nombreuses occasions aux Howard days (Cross Plains, Texas). C’est à lui que nous devons la création (et la trad) des intégraux des livres de Robert E. Howard dans leur version définitive. Des livres à vous procurer, car vous ne trouverez pas de plus belles et de plus complètes versions des textes du papa de Conan.

Oui, un événement centré sur Lovecraft nous manquait. Réunir des gens aussi divers et variés provenant de milieux littéraires, rôlistiques, etc. je pense que c’est vraiment une très bonne idée. Faire venir autant de monde a dû demander beaucoup de boulots. C’est difficile de trouver une raison de ne pas venir quand on est fans de Lovecraft. Nous avons déjà eu des salons dédiés à l’Appel de Cthulhu, mais jamais dédié à son auteur. Ceci est dû au fait que l’œuvre a dépassé le maître. Il est vraiment hallucinant de voir tous ces illustres invités à ce festival, surtout pour une première, je suis vraiment impressionné. Surtout que tout ce festival parle de productions françaises. – Jérôme Bouscaut.

14_astierSur la photo : Astier illusionniste et le petit Cthulhu se font des papouilles (voir l’article précédent, Necronomi’con, partie 1).

Il existe tellement de conventions autour de la BD et des comics qui nous viennent des États-Unis, que cela touche un énorme public en France. Le fantastique et la science-fiction sont des domaines en plein essor. Les conventions de ce genre ressuscitent un esprit d’autrefois qui était sympathique : celui des fanzines, des revues, des communautés de littéraires ou de cinéphiles. C’est très convivial ! Et c’est l’occasion parfaite de sympathiser avec tout le monde, ses contacts ou de nouveaux venus. – Arnaud Delalande.

Je pense que les personnes s’intéressant à l’univers lovecraftien sont souvent isolées, et c’est une bonne manière de rencontrer d’autres comme soi. Nous avons le sentiment d’appartenir à une famille. Je tire mon chapeau aux organisateurs qui ont dû se démener pour concevoir ce salon. – Francis Valéry.

Sauf erreur de ma part, personne n’a eu l’initiative de faire un festival sur Lovecraft en France. Face à tout ce qui se passe en ce moment autour de cet écrivain, c’est très bien d’avoir un festival qui réunit toutes sortes de disciplines. J’organise moi-même un festival sur Mont-Rouge, Le festival des mondes de l’imaginaire, et nous nous étions demandé si nous n’allions pas faire un évènement spécial Lovecraft à notre tour dans l’avenir. J’espère pouvoir revenir ! J’ai rencontré des gens que je rêvais de connaître, et je retrouve de vieux amis. – David Camus.

La convention Necronomi’con de Providence a lieu depuis de nombreuses années – même s’il y a eu une interruption –, mais pour nous, français, ce n’est pas vraiment facile d’y aller. C’est un grand plaisir de voir qu’on a la possibilité de se voir entre lovecraftiens dans une ville facile d’accès. Je tiens à féliciter les organisateurs pour leur très bon travail, et j’ai hâte de revenir ! À la Necro de Providence, il y a des tables rondes en permanence et quasiment en même temps, ce qui fait que nous ne pouvons pas assister à tout et c’est dommage. C’est aussi beaucoup plus grand. Il y a une chose très intéressante qu’on ne peut malheureusement pas faire ici, c’est les visites guidées de Providence organisées par S. T. Joshi, qui emmène de petits groupes à la découverte des lieux lovecraftiens. C’est quelque chose que je vous conseille de découvrir. – Christophe Thill.

15_cartesEt à présent vous vous attendez peut-être aux présentations des tables rondes… Et bien, va falloir attendre, c’était un troll, ah ! J’espère que vous avez bien profité de cet article de seize pages d’interviews, mais je pense que l’agrandir un peu plus le rendrait indigeste (surtout très chiant à charger), donc… La surprise arrive, parce que je vous l’ai promis, très bientôt. Ce sera du lourd, et ça arrivera dans la semaine. Poulpy va reprendre sa plume de critique, mais pour ce faire, je vais avoir pas mal de boulot. Donc à bientôt sur l’Antre du Poulpe pour d’autres retranscriptions des opinions de ses invités et pour de petits exposés sur les thèmes suivants : H.P. Lovecraft, l’homme ; Construire une mythologie en littérature ; Traduire HP Lovecraft ; Jouer avec le mythe : JDR & HP Lovecraft et Jouer avec le mythe : JDR & HP Lovecraft. Nous parlerons très brièvement de Alone in the Dark : infogrames et HP Lovecraft car j’ai raté cette conférence et que je ne m’y connais pas trop en jeu vidéo. Ne vous inquiétez pas, je compte bien me rattraper. Merci de votre attention, vous êtes de plus en plus nombreux à suivre le blog. Je vais faire de mon mieux pour mériter vos attentions. Papouilles, que le grand Cthulhu vous gobe sans vous mâcher !

« Voui, nous lovecraftiens sommes nées du culte et non du cul, qu’elle douce réplique… »

Poulpy.

A propos poulpinounet

Poulpy, c'est un poulpe à tout faire. Il se doit de disperser ses tentacules sur plein de supports... Ce poulpe est graphiste (donc masochiste), il parle de lui à la troisième personne (sérieux ?), est reporter (surtout), et critique. Minimoi s’essaie donc à au dessin, à la photo, et aussi : j’écris (un peu). Mes dessins font place à des montages, les montages à des textes, des histoires, des articles... Blogueur invétéré, Poulp(inounet) ne fait pas que promouvoir la culture, il crée également ses propres œuvres, pour lui comme pour d'autres.
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