Sales bêtes! des Artistes Fous

Sales bêtes! ou animaux étranges et délires zoomorphiques
aux éditions Les Artistes Fous Associés

Deuxième critique d’un livre des Artistes Fous Associés : leur second recueil, Sales bêtes! paru il y a deux ans. Si vous voulez en savoir plus sur l’éditeur, permettez-moi de vous rediriger sur leur site, et sur ma précédente critique, celle de Fin(s) du Monde, servant présenter ces Artistes. Une interview de leur président, Herr Mad Docrtor y est retranscrite et vous trouverez une foule de liens qui pourront peut-être vous être utiles.

[…] Les Artistes Fous Associés ont pour but de diffuser vos chefs d’œuvre incompris (« trop bizarre ! Trop gore ! Trop barré ! » vous ont dit les sinistres gratte-papier des sérieuses maisons d’édition ? pas de ça chez nous !)… – cf : lesartistesfous.com. Tel un carrefour, le site se dresse et regroupe écrivains et scénaristes, graphistes et photographes, musiciens, développeurs, artistes en tout genre se trimbalant entre blogs et forums.

Chaque recueil est composé de nombreuses nouvelles sélectionnées sur, entre autres, le madatelier d’écriture (tenu par Herr Mad Doctor). Elles sont bien sûr choisies pour leur qualité, mais aussi pour leur diversité (aucune n’est similaire), et car elles s’intègrent dans un thème, toujours différent. Le titre de Sales bêtes! devrait vous dévoiler le sujet commun de ces nouvelles :

Chimères, animaux-totems, transformations bestiales, animal tapi en soi qui se dévoile, conscience émergeant chez la bête, créatures mythologiques, improbables, quotidiennes… Ou tout simplement regards croisés entre l’homme et l’animal, entre lutte, répulsion, respect et fraternisation, proximité dérangeante et fascination.

Dans cette deuxième anthologie, Les Artistes Fous Associés explorent la thématique animale à travers 20 récits tour à tour horrifiques, poétiques, sarcastiques, émouvants, tragiques, gores, sexuels, dans un format allant de la micro-nouvelle à la novella. Venant des quatre coins de la francophonie, leurs auteurs et illustrateurs sauront réveiller la (sale) bête qui sommeille en vous ! – cf : Les Artistes Fous Associés (pour commander le recueil, lire des critiques…).

Si ce livre n’est bientôt plus disponible à l’achat, sachez que vous pouvez toujours vous le procurer en epub sur le site des AFA, avec l’extrait d’une nouvelle de Ludovic Klein illustré par FloatinG, qui en est tirée. Car chaque volume est rempli d’illustrations de styles et d’auteurs différents. Ces graphistes exposent une partie de leurs œuvres sur ce site, dans Le coin des graphistes ou dans Le labo photo. La couverture, également réalisée par FloatinG, n’est qu’un petit aperçu des dessins présents dans ce volume :

01_cover[Le thème des animaux sauvages, ou de la brutalité de nos instincts primitifs, a déjà été abordé sur ce site, il y a quelque temps, lors de la critique de Belle est la Bête de Jean-Pierre Favard (parution de la Clef d’Argent). Sachez que cette anthologie ne ressemble pas du tout à ce recueil, donc vous pouvez continuer cette lecture sans risquer de « déjà vu ». Néanmoins, si vous désirez lire cette précédente critique, laissez-moi vous rediriger ici]

Je vais à présent vous décrire les 20 nouvelles qui composent Sales Bêtes! Cette critique sera plus courte que la précédente, puisque les présentations des Artistes Fous sont déjà faites, mais il y aura toujours autant d’illustrations. Je vous recommande vivement de vous rediriger sur les sites des graphiques qui vous sont présentés ici, car je ne fais pas seulement de la pub pour les écrivains. Ce volume leur est dédié également. Sur ce, et en attendant les critiques des volumes suivants, Folie(s) et L’Homme de demain :

Sales bêtes!
ou animaux étranges et délires zoomorphiques
Anthologie dirigée par Paul Demoulin, Ludovic Klein,

Vincent Leclercq et Sébastien Parisot.

Parmi les auteurs de ces 20 nouvelles se trouvent quelques personnalités connues. Comme Julien Heylbroeck (Pestilence, Stoner Road), interviewé pour la Taverne du Nain Bavard en 2013, lors du festival Bloody Week-end. Avec Schweinhund, il est le cofondateur de l’édition Trash. Il est également l’ami de Romain d’Huissier et tout deux travaillent pour Rivière Blanche, des éditeurs que j’ai pu rencontrer lors du salon du livre et de la DB de Damparis.

Au Bloody WE, j’ai également pu questionner Morgane Caussarieu, spécialiste du vampire qui, à l’époque, venait de faire publier son roman intitulé Dans les veines. Une de ses nouvelles et également présente dans l’anthologie Nouvelles Peaux des éditions Luciférines, que je vous ai présentées dans cet article.

Et puis il y a une nouvelle d’Éric Udéka Noël, scénariste de Et dieu reconnaitra les siens, un court-métrage décrit lors de sa diffusion au Bloody Week-end en 2014. Tout ça pour dire qu’on en fait des rencontres, dans les festivals !

Plusieurs Artiste Fous nous ont déjà présenté leurs textes ou leurs graphismes dans le recueil Fin(s) du Monde. Herr Mad Doktor, Southeast Jones, Ludovic Klein, ou Vincent Leclercq apparaissaient déjà plusieurs fois au sommaire de la précédente anthologie, et nous retrouvons plus d’une de leurs nouvelles dans ce livre. Ils nous sont une nouvelle fois présentés, et c’est avec joie que nous les retrouvons. Si vous souhaitez en savoir plus sur les auteurs cités ci-dessus et dans les paragraphes suivants, il suffit simplement de cliquer sur leurs noms.

02_logoQuelles sortes d’animaux se terrent dans ces pages ? Viennent-ils du plus profond des océans – comme ce qui est suggéré par la couverture – sont-ils intra ou extraterrestre, viennent-ils d’un espace lointain ? Sont-ils proches de nous, tout près, en train de ronronner sur une couverture ou de grimper sur notre jambe, ou bien sont-ils en nous, cachés dans notre reptilien ? C’est ce que nous apprendrons à la lecture de cette anthologie !

L’animal est bestial. Il est la personnification de la Nature, sauvage. Se comparer à un animal, c’est accepter le fait que nous ne nous sommes pas indépendant de la Nature. C’est accepter nos origines.

Tous les animaux ne nous ressemblent pas. Si notre société est une immense ruche, nous ne sommes pourtant pas des abeilles. Nous avons des instincts de carnassiers, et pourtant nous nous attachons plus à nos progénitures qu’une bête carnivore. Nous pensons être l’espèce dominante de la planète, et, caricaturant les requins, nous comparons la taille de notre compte en banque, pénis, voiture, etc. afin de démontrer notre supériorité. Pourtant, nous ne sommes pas les plus forts sur cette Terre, ni les plus intelligents, les poulpes nous battent sur ce point. Nous sommes de drôle de bêtes.

Nos relations avec le règne animal n’ont pas toujours été à leur avantage. Les animaux sont différents, et notre peur de la différence nous pousse à les dominer. Paradoxalement, cette envie nous est dictée par notre côté animal, nos instincts ! Les animaux nous fascinent. Qui n’a jamais rêvé de se fondre dans leurs peaux ? Qui n’aimerait pas, pour un temps, se libérer de ses chaînes et être de nouveau insouciant ? Les animaux nous font peur, peut-être sommes-nous plus similaires que nous le pensons. Ou bien est-ce leur détachement qui nous perturbe…

Nous les primates entretenons toujours des rapports de force entre les différents membres de notre meute. Nous repoussons l’étrangeté, nos semblables que nous jugeons différents. Qu’arriverait-il si, un jour, un primate se transformait en vache ou en lombric ? L’un d’entre nous écrirait peut-être une nouvelle à propos de ce cas extraordinaire !

Je ne vais pas vous déblatérer éternellement mes théories sur les relations humains/animaux. Je suppose que vous avez eu votre dose lors de mes articles sur les romans de Sylvie Huguet et sur son dernier recueil, Rouge Alice. Cette dernière critique peut peut-être vous intéresser, j’ai retrouvé des thèmes communs entre ses deux livres.

Si vous avez l’envie de quitter pendant un moment la banalité de votre vie, que, puisque cela est impossible, vous vous sentez d’humeur à rentrer dans votre cocon, alors prenez Sales bêtes! avec vous. Cela vous procurera une bonne échappatoire et à la fin de cette lecture, vous ressortirez… changé. L’animal qui est en vous aura sûrement évolué. Mais attention, vous vous rendrez peut-être compte que la cage sociale dans laquelle vous êtes coincé est encore plus étroite que vous ne le pensiez. Car quand on lit ce genre de livre, on se sent grandi.

Avec Fin(s) du Monde nous avons vu que la fin d’un monde peut-être suggérée. Avec Sales bêtes! vous verrez qu’il n’y a pas besoin de placer un animal dans un texte pour rester dans le sujet. « L’animosité » est en chacun de nous. Parfois, souvent même, nos instincts nous font agir de manière beaucoup plus horrible qu’un animal en rut. Parfois, nous devenons des monstres. C’est ce que nous verrons dans la première de ces nouvelles :

Les Maîtres ne vinrent plus, de Ludovic Klein et illustré par Maniak

La Seconde Guerre mondiale a bouleversé le monde, tout autant en Occident qu’au Japon, pays d’origine de l’auteur. Celui-ci nous narre un événement que l’histoire a oublié : la mise à mort des animaux en captivité.

La mort des animaux est décrite avec soin, et elle est cruelle. Les gardiens, les fermiers, les bergers, ont abandonné leurs animaux en plein conflit, ils ont fui sans penser à les nourrir ou à les libérer de leurs cages. Et, même lorsque les combats s’arrêtent, il n’y a pas une âme compatissante pour briser leurs chaînes. Privées de nourriture, les narratrices, des vaches, agonisent dans leur prison. Leur torture est soigneusement décrite, en peu de pages. Les animaux de cette nouvelle sont nos victimes, que notre indifférence a tué.

L’auteur rend hommage à ces pitoyables victimes, car même maintenant nous voyons la mort de milliers d’animaux comme des dommages collatéraux. Il est important de connaître l’impact que nous avons sur la vie de ceux que nous réduisons en esclavage, qui dépendent de nous. Bien sûr, il pourrait avoir une suite à cette nouvelle, car si tous les animaux sont morts et si les champs sont radioactifs, comment arriveront à survivre tous ces humains ?

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Illustration de Maniak

Pffugs, de Mathieu Fluxe et illustré par cAmille

Nous entrons dans la peau d’un « monstre », d’une créature qui se dissimule dans un monde d’apparences. Cette personne cache sa vraie nature en endossant des rôles qui ne lui correspondent pas, il passe sa vie à jouer la comédie. Mais malgré ses efforts, ce personnage contraste avec ses interlocuteurs. Lui n’a pas le visage parfait, celui qui nous sert de modèle de perfection et que l’on voit partout. Il est différent.

Le monstre n’est pas si horrible, sa difformité est même minime. Cependant, dans ce futur proche, avoir un simple bouton d’acné est condamnable, cela est horriblement honteux. Et il est vrai que nous nous rapprochons de ce modèle, ou chaque personne essaie de ressembler à la norme, de devenir des clones. Cela doit vous rappeler un épisode de Twilight Zone, mais l’histoire va plus loin :

Ce personnage, qui se hait d’être ce qu’il est, va faire la rencontre d’une étrange femme et va naïvement la suivre. S’il essaie de découvrir l’amour, la seconde protagoniste, elle, va lui faire découvrir un autre monde. Il entre dans un club aux membres étranges, qui tentent vainement de se transformer en animal en déformant leurs corps. Car, disent-ils : « ils ont décidé que la vie en tant qu’homme mène à une impasse et que les animaux sont l’exemple à suivre. »

Une bande de marginaux qui enfreignent (un poil trop) les conventions, un amour déviant… Dans ce freak show, le personnage peut s’accepter, ou bien se révolter contre des personnes qui, puisqu’elles ne sont pas nées monstres, ne comprendrons jamais sa vraie nature. Tout est question de dissimulation.

04_camillecAmille : WoMan In BluE

Pluviôse, de Adam Roy et illustré par Deadstar

Grâce à la description des nouvelles – que vous pouvez lire avant chaque texte – nous nous rappelons de la précédente histoire écrite par l’auteur, Canicule (parue dans l’anthologie Fin(s) du Monde). Elle aussi avait pour thème la métamorphose de l’homme en animal. Une transformation totalement réussit, contrairement à celles décrites dans Pffugs.

Dans les textes d’Adam Roy, les apparences sont trompeuses. Si l’eau était la denrée recherchée par les personnages de Canicule, elle s’y trouve ici en abondance.

Une pluie sans fin s’abat sur le monde. Les populations ont perdu la notion du temps, car le ciel n’a plus qu’une seule teinte. Il est gris, uniforme, cela est extrêmement déprimant. L’eau s’immisce partout et a influencé le génome des habitants d’une ville (que l’on suppose grise, uniforme, déprimante). Ces personnes se sont transformées en des choses indescriptibles, afin de s’adapter à leur nouvel environnement. Seules quelques-unes sont toujours « humaines » et, évolution oblige, elles se font détrôner et réduire en esclavage.

La mutation a été propice au développement des humains, mais ils ont tout de même régressé dans leurs mœurs. Cela, vous le découvrirez à la lecture de Pluviôse.

05_deadstar1Deadstar : the Thing

Un arrière-goût d’éternité, de Morgane Caussarieu et illustré par Deadstar

Des personnages décident d’invoquer quelque chose d’innommable afin de devenir immortels et de pouvoir respirer sous l’eau, mais le plan ne marche pas exactement comme prévu…

Avec Morgane Caussarieu, les vampires sont toujours au rendez-vous. Elle connaît bien ces créatures, mi-humaines/mi-animales. Mais là, elle a décidé de laisser ces chères chauves-souris en Transylvanie et a pris la direction de l’Écosse. Sa sirène du Loch Ness ne sera pas la chose la plus surprenante que vous découvrirez dans cette histoire.

Les nouvelles précédentes étaient bien tristes, celle-ci est plus légère. Essentiellement constituée de dialogues entre deux jeunes protagonistes sans cervelle, l’histoire est très amusante. Nous nous trouvons dans un véritable film des années quatre-vingt !

06_deadstar2Deadstar : Poulpilove

La parole du Rhinocéros, écrit et illustré par Ana Minski

L’histoire est faite pour prêcher un message écologique, elle est donc peu digeste, mais très courte. Son gros point fort est le fait qu’elle nous est racontée du point de vue de l’animal. La description de ses sensations est bien écrite.

Les vies de ses animaux traqués pour leur ivoire par de cruels humains sont pathétiques. Même lorsqu’ils sont transportés dans des zoos pour être préservés, ils ne sont pas traités avec respect. La parole du rhinocéros est une nouvelle dotée d’un appel au secours pour tous les animaux exploités par les hommes. En quoi une vie humaine est-elle plus importante que la nôtre, nous a une fois demandé Sylvie Huguet dans Rouge Alice ? Le message est similaire, mais cette dernière nouvelle était plus développée, elle avait une histoire. Ici, c’est un peu comme si l’auteur nous décrivait la symbolique de son tableau, placé devant le texte.

07_minski1Ana Minski : Le Staphychrome

La bête noire, de Julien Heylbroeck et illustré par FloatinG

Nous retrouvons donc le style direct de Julien Heyllbroek dans ce conte sinistre, se déroulant dans un village perdu, entouré d’une large forêt. Et c’est dans cette forêt que vit le « loup », ou du moins la bête, qui n’est pas le personnage principal, mais est au centre de l’œuvre. Quelques clichés du conte de fées sont repris : il y a la sorcière, le chef, la magie…

La vie dans un village tranquille n’est jamais aussi facile qu’elle y paraît. Quantité d’histoires se transmettent, quantité de rumeurs se dispersent. Tout le monde se connaît, mais dissimulent des secrets de famille, ou bien des choses trop indiscrètes pour êtres révélés. Un villageois est sectaire, s’il reste dans son village (du moins, dans ce cas-ci) c’est par peur de l’extérieur, de l’inconnu. Et il est facile de personnifier une terreur en la mettant sur le dos d’un monstre, plutôt que d’accepter que le mal vienne de l’intérieur de la communauté. Cela s’est déjà lu dans de nombreuses histoires. Nous pensons connaître nos voisins, mais en temps de crise, leur véritable visage se dévoile. Le loup peut, par exemple, être un prétexte afin de se débarrasser d’un semblable, qui serait un soi-disant lycanthrope. Le groupe vie en autarcie sans se soucier de l’avenir, qui s’annonce pourtant très mal.

L’auteur nous dévoilera un complot qui se complique au fil des pages, un honteux secret suspecté par tous, mais accepté, car il est bénéfique à la communauté. Il n’est pas bon de s’approcher de ce village si l’on tient à la vie.

Le concept de l’histoire est un peu dépassé, mais le lecteur averti s’attendra à une chute peu commune. Elle devient de plus en plus dégoûtante, l’auteur se complaît dans le gore, et il en rajoute toujours autant. Ne vous inquiétez pas, il vous choquera sûrement !

08_floatingFloatinG : Défense

La Solitude du Soleil le Vendredi soir, de Diane et illustré par Stab et Nelly Chadour

Les descriptions étaient au centre des deux précédentes œuvres. Ici, ce sont les réflexions de la narratrice qui sont mises en avant. Parlant de vie sous-marine et écrite avec humour, cette nouvelle est l’une de mes favorites.

La narratrice, une jeune adulte, s’essaie à toutes sortes de relations et finit toujours par les critiquer, par les trouver absurdes. Coucher avec son boss, se lier d’amitié avec des collègues… Tout cela l’a saoule, l’ennuie. Sa transformation en femme mature ne se passe pas exactement comme prévu : elle se démarque progressivement du reste de son espèce et tente un retour aux sources, à l’océan. Plus le temps passe, plus elle se sent proche des poissons ou des mollusques, les prenant en pitié. Puis elle finit par être révulsée par le comportement des pêcheurs et des consommateurs de leur viande. Sa vie actuelle n’ayant plus aucun sens pour elle, elle ne résistera pas longtemps à l’appel de l’océan.

Elle va se trouver des capacités qu’elle ne s’imaginait pas avoir. Sa sensualité se développe, elle prend conscience de son pouvoir de femme sur les hommes. Elle devient même plus attractive qu’une femme normale, car il lui suffit de chanter pour que tout le monde réalise ses désirs. En position d’infériorité au début du texte, elle finit par se trouver en haut du plongeoir. Pourtant, l’humain ne l’intéresse déjà plus, fascinée comme elle l’est par les baleines et les silures, si élégantes dans leur milieu naturel. Car l’homme est décevant.

Avec cette histoire, votre ami Poulpy s’est fait ensorceler !

09_stabStab : Funland at the Beach

Tous les singes ne vont pas au Paradis, de Vincent Leclercq et illustré par Maniak

Ce second huis clos est bien plus effrayant que le dernier, celui de La bête noire. Le cadre n’est pas rassurant : seul, en pleine mer, aucune aide, à part celle de Dieu, n’est à espérer. Et celui-ci se montre bien indifférent aux SOS.

Ici c’est la paranoïa qui s’insinue dans un groupe de matelots lorsqu’une bête décime l’équipage. Chacun cherchera le coupable, l’homme qui se transforme en singe, celui qui a reçu une malédiction et qui sera leur perte. Le navire est un négrier, l’équipage entier est coupable d’avoir commis des atrocités. Tous se sentent personnellement visés par la malédiction qui s’acharne sur eux. Mais ils ne se laisseront pas tuer, et feront resurgir leurs pires instincts de primate. Pour leur survie, ils sont prêts à déchiqueter leurs meilleurs amis. L’important dans l’histoire n’est pas de découvrir qui est le monstre dans ce bateau, mais lequel de ces animaux est digne de se rendre au paradis.

Les esclavagistes nous montrent le pire côté d’un humain. Leur comportement les mènera en enfer. Là encore, ils ne se rendent pas compte que le monstre est le produit de leurs atrocités, que ce sont eux qui l’ont invoqué, et qu’il est parmi eux, non pas parmi leur « cargaison ».

Nous voyons souvent les marins comme des êtres superstitieux. Ceux-là préfèrent s’enfermer dans leurs croyances afin de trouver le salut de leurs âmes. Pêcheurs, ils changent radicalement de comportement dès la menace détectée. Ils se font tous beaux afin de plaire à leur dieu. Comme vous vous en doutez, cette illusion ne fonctionne pas et ils payeront tout de même pour leurs crimes. Selon les protagonistes, c’est le démon qui s’acharne sur eux, mais ne serait-ce pas plutôt la vengeance divine ?

Les questionnements sur le genre humain que nous procure cette histoire sont nombreux. Nous regrettons seulement le fait que le dénouement soit trop précipité. Il est sans surprises. Mais les moyens l’emportent sur la fin, car si la nouvelle est prévisible, elle transmet un avertissement que nous ferions mieux d’écouter…

10_maniak2Illustration de la nouvelle Tous les singes ne vont pas au Paradis par Maniak

Le deuxième événement, de Ludovic Klein et illustré par Cham

Les maîtres ne vinrent plus n’était que la première partie d’une plus longue histoire, qui se conclut ici. Si dans la précédente nouvelle de L. Klein, nous étions partiellement dans la peau d’une vache, là, nous sommes dans celle d’un chat. Si les deux histoires ne vont pas vraiment ensemble, car l’une est fantastique, le cadre est le même : le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Puis nous voyageons dans le temps, jusqu’à la catastrophe de Fukushima.

Dans la première partie de l’histoire, les animaux d’élevages mourraient tous dans d’atroces souffrances. Mais qu’en est-il des animaux sauvages ? Comment ont-ils vécu ce conflit ? Le chat parcourt une ville en constante transformation, il s’en nourrit et devient un curieux symbole, tout à son image.

11_chamaniakManiak et Cham : Cadavres exquis, Chamaniak

Cobaye #27, de Éric « Udéka » Noël et illustré par L’ananas à cheveux

La tentative d’évasion d’un rat de laboratoire doté de superpouvoirs est une aventure pleine de rebondissements. Le rat utilise ses pouvoirs psychiques pour s’emparer des esprits de ses geôliers et concocte une douce vengeance. Pas besoin de savoir lire entre les lignes pour suivre cette histoire, vraiment rigolote. Nous avons tout de même un peu de peine pour les animaux torturés dans les laboratoires, mais notre narrateur ne s’apitoie pas sur ces choses. C’est un rat, sa concentration est extrême et il n’agit pas toujours sur la base de ses sentiments, nous explique-t-il. C’est comme cela qu’il arrive à se mouvoir sans peine dans un environnement labyrinthique. Des créatures à ne pas sous-estimer, assez intelligente pour ne pas s’autoannihiler ou haïr les mauvaises personnes. Pourtant, le désir de contrôle qui l’anime pourrait le faire devenir un adversaire redoutable.

L’auteur est scénariste. Dans son écriture, il va droit au but, mais ses phrases ne sont pas basées sur la simplicité. Il a un style assez léger et sait créer du suspense. S’il débute en tant qu’auteur, comme on le lit dans la description de Cobaye #27, il ne fait pas amateur.

12_ananasIllustrations de L’ananas à cheveux

La condition inhumaine, de Maniak et illustré par Xavier Deiber

Cauchemardesque et même très glauque, cette nouvelle décrit avec une multitude de détails le calvaire d’une petite fille enlevée et enfermée dans un placard. Dans le noir, sa peur se personnifie et devient son compagnon. Mais elle n’est pas seule dans le placard, car une multitude d’insectes y prolifèrent. C’est à eux qu’elle devra sa transformation, son espoir d’échapper à son ravisseur. Cela ne sera pas indolore, car tout comme sa peur, ils vont s’immiscer en elle, violer son intimité. Ce texte est gore, pervers, même. À l’image des œuvres de Maniak : les personnages sont des entités informes et abominables issues de croisements entre humains et bêtes.

13_deiber1Xavier Deiber, ou Canard Fessée : Mrsr

La dépression du chat, de Gallinacé Ardent et illustré par Maniak

Le thème du martyre est également développé dans cette histoire. La créature maltraitée expérimente également la douleur, qui la transforme tout autant. Cette fois, c’est un animal qui est torturé pour le plaisir, afin d’assouvir la curiosité morbide de son possesseur. C’est un chat que son maître n’a pas envie de perdre. Il est rongé par la maladie, maintenu en vie par une énorme machine, enfermé dans un sous-sol et percé de partout. Son maître l’a recréée à l’image de sa cruauté.

Le chat se transforme, en une sorte de cyborg répugnant. Il fait l’objet d’expériences diverses, menées par des savants fous qui n’ont pas d’égards pour leur victime. Si le chat était mignon, à la base, il est devenu amorphe et rongé par la haine, il n’est plus qu’un gros amas de chairs à euthanasier. Pauvre victime, il va tenter de se venger, de montrer au monde que tous sont coupables de sa persécution, car la bête est intelligente.

En comparaison de la précédente nouvelle, celle-ci manque de fond. Les personnages se complaisent dans la description de leur malheur, il y a trop d’explications pour rendre le dialogue entre le chat et le maître réaliste. Toutefois, la chute est intéressante.

14_maniak3Maniak : WIP

Parasite, de Vincent T. et illustré par Codex Urbanus

L’auteur a écrit un semblant de journal de bord appartenant à un explorateur perdu en terre inconnue. Son héros a le syndrome lovecraftien, c’est-à-dire qu’il ne lâche jamais sa plume, même dans l’action. Ce n’est pas très réaliste, mais cela créer de l’effet.

Le narrateur s’est échoué dans un endroit peu commun qui ne ressemble en rien à notre univers. Et le pourquoi du comment il s’est retrouvé là n’est pas expliqué (cela afin de ne pas situer le lieu longuement décrit). Cela rajoute du mystère. Et nous ne savons même pas si ce personnage est de la même espèce que nous. Il se mute en quelque chose d’instinctif, en une sorte de parasite flasque qui se gave d’eau sans trop savoir pourquoi. Il puise à outrance dans la vie qui se trouve en ce lieu. Durant ce récit, il ne va pas chercher à s’enfuir de son nouvel habitat. De naufragé, il deviendra résidant. Victime consentante d’une force qui le dépasse, il sacrifie son humanité. La suite est encore plus étrange…

15_codexCodex Urbanus : la mode par Codex

Jonas, de Southeast Jones et illustré par Cham

L’exploration n’est pas toujours de tout repos. Que l’on revienne à bon port (comme ici) ou non (comme dans Parasite), l’expédition vous transforme. Parfois, elle vous rend fou. C’est le cas de Jonas, un voyageur que le narrateur rencontre dans un bar quelque part dans l’univers. L’homme a perdu le sens des réalités en voyant un Ogre. Une créature mythologique qui hanta les marins et, dans un futur éloigné, les « spatiens », comme les appel l’auteur. Jonas, un illuminé, ne conte pas un récit totalement dénué de sens. Il suit sa propre logique, aussi folle soit-elle. Sorte de monstre vivant dans l’espace, l’Ogre est la sale bête de cette histoire, à mon sens un peu trop survolée. Dans cette partie de l’anthologie, les nouvelles sont plus courtes.

16_chamCham : Beak

L’ascension des suicidés, écrit et illustré par Ana Minski

Dans sa seconde nouvelle publiée dans Sales bêtes!, Ana Minski nous parle de métamorphoses. Celle d’un enfant abandonné par sa mère qui n’est pas en phase avec ses congénères. Lui aussi découvre un monde anormal, qu’on imagine coloré comme la peinture qui illustre ce texte. Les nouvelles de l’auteur sont oniriques, grouillantes de vies et d’images, mais surtout de sensations. La mort n’est pas une fin, mais un passage vers une dimension inconnue. L’enfant se réincarne dans un univers difficile à définir.

17_minski2Ana Minski : Réminiscences

La mélodie des bois, de Vincent Leclercq et illustré par Nelly Chadour

Le quotidien d’un enfant de sept ans change lorsqu’il déménage sur une autre planète avec ses parents. N’ayant plus aucune attache et se sentant abandonné, il se met à explorer le nouvel espace qui l’entoure. Il part à l’aventure dans un monde où tout reste à découvrir. Lui qui commence à peine à comprendre la vie se sent perdu dans un endroit qui reflète son état d’esprit. La planète est pleine de mystères, qui l’entourent comme la forêt des contes de fées entoure le village des héros.

C’est en quittant les sentes tracées par ses parents que l’on grandit, en s’éloignant d’eux comme ils s’éloignent de nous. L’enfant est laissé à lui-même, il expérimente de nouvelles choses dans la honte de se faire gronder. La naïveté d’un enfant fait peur à voir. Il est capable de suivre le loup sans se douter de sa nature.

S’égarant plus profondément dans les bois, il va découvrir de fantastiques animaux dotés d’une certaine intelligence. Encerclé par le danger qui peut venir de cette horde à tout moment, il s’amuse en bravant l’interdit. L’enfant a trouvé un terrain de jeux qui n’est pas imaginaire, de nouveaux amis aussi. Mais l’histoire ne se finit ni dans les rires ou dans les larmes, elle n’a pas de fin. La suite est laissée à notre imagination et ce n’est pas plus mal, car nous aussi, les lecteurs, n’avons pas envie de retourner dans notre petit univers connu. Si nous avons ouvert ce livre, c’est pour partir à l’aventure. L’enfant ne grandira pas, et l’auteur nous pousse à accepter le fait qu’il est en chacun de nous.

18_chabourIllustration par Nelly Chabour

Notre-Dame des opossums, de Southeast Jones et illustré par Kenzo Merabet

La SF est de plus en plus présente dans ce recueil. Les auteurs nous invitent tous à les suivre dans un monde situé à des années-lumière de notre maison. Le futur de la Terre est, pour beaucoup, compromit par nos avancés technologiques. Les humains de cette histoire, comme ceux de la dernière, sont envieux de renouer avec leurs origines. Dans La mélodie des bois, c’est avec l’enfant qui est en eux, mais pour les adultes de Notre-Dame des opossums, c’est avec la terre et la mer nourricière.

L’humain évolua, quitta son monde pour ne le retrouver que bien plus tard. La planète sera-t-elle prête l’accueillir à nouveau ? Le thème de la fin du monde, que nous avons laissé de côté après notre lecture de la première anthologie des Artistes Fous, est brièvement repris dans la description de l’Histoire de ces ex-terriens.

Quelques références bibliques sont disséminées dans un texte parlant d’évolution, ce choix est amusant. D’autant plus qu’il est constitué de journaux de bord laissés par une équipe d’archéologues qui disparut sans laisser de traces. La religion qui est décrite n’est pourtant pas chrétienne. Des aborigènes vénèrent une statue représentant une sorte de vierge accompagnée d’un opossum. Ils vivent sur la Terre qui, sans intervention humaine, est devenue un monde paradisiaque, qui vient de se faire souiller par des scientifiques envieux de connaître son passé.

Celui de cette civilisation ne leur est pas inconnu : ce sont des terriens, comme eux, mais qui n’a pas quittés la planète pour découvrir de nouveaux mondes. Ils ont régressé, et cela ne semble pas être une décision qu’ils ont prise par eux-mêmes. Enivrés par leurs découvertes, les archéologues ne se rendent pas compte qu’ils ne sont pas au paradis, mais sur une planète désormais mystérieuse qui n’abrite pas que les membres de leur espèce.

Dans le futur aussi, l’homme se croit au-dessus des animaux. Cette croyance conduira l’équipe à sa perte, car il ne faut pas lever la main sur un animal sacré. Vive les opossums, ces bestioles trop mignonnes qui enjolivent une histoire rudement bien menée. Si plein d’amour, doux et mielleux, on a envie de leur faire tout plein de papouilles ! Cette nouvelle vaut toutes les autres, car les petits animaux tout choupinoux nous font tourner la tête.

19_merabetIllustration de la nouvelle Notre-Dame des opossums par Kenzo Merabet

Manger les rêves, de Romain d’Huissier et illustré par Xavier Deiber

Au Japon, un jeune homme s’entraîne pour devenir le prochain daimyo (seigneur de province), à la manière d’un samouraï. Son éducation stricte est très représentative de celle que l’on inculque aux enfants de son pays. Il se restreint à un code moral qui l’empêche de s’affirmer en tant qu’individu, car il doit être un symbole exemplaire. Il n’y a pas de place pour du sentimentalisme. Il y a donc dualité entre la personne qu’il doit être et celle qu’il est réellement.

Le monstre qui servira d’ennemi au personnage est un Baku, une créature folklorique qui se nourrit des rêves d’autrui. Mais son réel adversaire n’est autre que lui-même, son subconscient qui se rebelle contre sa doctrine. Car l’adolescent a peur de décevoir son père, comme tout un chacun pendant cette période. Il n’est pas aussi sûr de lui qu’il devrait l’être. La rapidité avec laquelle l’histoire est racontée ne nous permet pas de la garder très longtemps en tête. Sa simplicité n’en fait pas le meilleur récit de ce livre, mais il est écrit dans le style d’un conte japonais, cela peut sûrement vous inciter à en lire.

20_deiber2Xavier Deiber : Follies

τρ, de Herr Mad Doktor et illustré par Ana Minski

Voici le plus long texte de l’anthologie, c’est l’un des plus représentatifs du thème de la « sale bête ». Écrit par le président des Artistes Fous Associés, il possède une certaine classe. Rudement original, il est le petit joyau du recueil, qui a été réservé pour la fin.

Un vétérinaire est appelé d’urgence pendant une tempête afin de sauver une vache qui est en train d’accoucher dans une ferme paumée. Malgré tout le danger auquel cet homme s’expose, il prend la route et accourt en urgence. Notre homme prend en effet son travail très à cœur. La gravité de la situation à l’air d’échapper au narrateur, un être définitivement à part. Nous sommes effarés du fait qu’il peut tout prendre avec légèreté et humour. Car lui, ainsi que le scénario, possède sa dose d’humour. Le vétérinaire nous le prouve avec ses petites expressions, comme « il pleut comme vache qui pisse », ou bien « c’est une tête de mule » ; le sort nous le montre en faisant dériver le personnage principal hors de sa route.

La profession de notre protagoniste définit sa vie, lui donne un but. Pour lui, rien n’est plus important que d’arriver à bon port, de finir sa quête et de sauver la vache. Sa détermination est digne de celle d’un super héros. Pourtant, une entité, appelons ça le sort, a décidé de le tester. Les priorités du vétérinaire sont peut-être à revoir, car un véritable héros mythique a sûrement plus de raisons que lui pour braver le danger (un royaume et une femme à récupérer, une armée à arrêter…). Il fait preuve du même courage, passe des épreuves tout aussi complexes. Et avec ses propres armes, qui ne sont pas aussi classes que celles d’un Ulysse.

Mais un second héros apparaît dans l’histoire : un être mi-homme mi-vache. Un hybride n’appartenant à aucune espèce, car il est bien trop différent pour vivre avec l’une ou l’autre. Le petit Minotaure est aimé par son père adoptif – ou alors il cache sa parenté (de nos jours, coucher avec une vache…) –, mais est délaissé par sa mère, qui n’a pas beaucoup d’instinct maternel, en comparaison avec celui des primates. Son père, le fermier, règne sur son royaume isolé plein d’animaux. Il en est le tout puissant dictateur, nul n’a le droit de contester son autorité. Sans se rebeller, les bovins suivent aveuglément ses ordres. Vous aurez compris que comme dans Œdipe roi, la pièce de théâtre, chaque personnage est la réincarnation d’un héros mythologique. Ceci n’est pas une simple nouvelle, c’est une tragédie… plutôt comique.

L’enfant taureau devient vite un surhomme, que son père couve et élève à son image. Ce dernier n’est nullement horrifié par son visage de bovin, au contraire. Son fils représente tout ce qu’il aime : la force, les vaches, sa ferme. Il a de grands projets d’avenir pour sa progéniture, il veut bien sûr qu’il devienne fermier. Le moment arrivera où l’enfant se rebellera contre son père et ne voudra plus entendre parler de son héritage. La puberté et l’élément déclencheur, l’enfant débutera sa propre odyssée. Mais sa face de vache n’est pas un cadeau des dieux, comme le dit son parent, c’est aussi une malédiction que le jeune traînera partout avec lui.

L’enfance à la ferme était faite pour notre taurillon, mais perdue comme il l’est dans le « labyrinthe scolaire », il comprendra que les Hommes sont cruels. Dangereux objet de moqueries, il ronge sa peine, rêvant d’empaler tous ses horribles babouins sur ses cornes. Car un surhomme tel que lui n’a pas le profil de la victime, ses camarades et ses enseignants vont vite regretter leurs plaisanteries. Et puis, vers la fin de sa scolarité, il se rendra compte que sa force physique ne lui servira à rien dans notre société, qu’il sera toujours handicapé par son aspect. Adolescent, il se rebellera. Jeune adulte, il comprendra qu’il ne doit pas lutter contre sa nature. Déchiré entre ses désirs de jeunesse et sa vie pleine d’interdits, il se forge un rude caractère.

Les prochaines parties de l’histoire sont plus torrides. Le héros exprime des phantasmes très déviants et si forts, qu’il doit quitter sa ferme et tout son petit monde. Découvrant ce qu’est la sexualité très tardivement, il ne va pas tarder à s’apercevoir qu’il est bâti pour le sexe. Perdu dans le vaste monde, il va d’expérience en expérience, passe de star du porn à gardien de zoo. Il ne tirera que du dégoût de toutes ses innombrables rencontres (que je vous laisse découvrir). Puis viennent la maturité et la dépression… Comme une caricature de beaucoup d’entre nous, l’homme-taureau ne cherche en fait que la compagnie, un peu d’affection, un but à sa vie et aussi, a comprendre sa vraie nature. Y arrivera-t-il ? C’est à vous de le lire.

21_minski3Ana Minski : Aux abords de l’aube

Clic, de Maniak

À quoi ressemblerait un recueil des AFA sans son célèbre Clic ?! Ces courtes nouvelles qui ne dépassent pas les trois pages sont les œufs de Pâques, les WDF totalement « insanes », représentatifs de l’édition, une marque de fabrique. Au nombre de deux dans Fin(s) du monde, et maintenant en guise de conclusion dans Sales bêtes!, les Clic sont conçus pour étonner et dénoter avec humour la folie qui règne dans la grande ménagerie des Artistes Fous Associés. Et à chaque fois, c’est la même histoire : des protagonistes appuient sur le mauvais bouton. Dans un clic, et avec toutes sortes d’onomatopées, ces victimes trouvent une mort atroce. C’est ainsi que s’achève ce livre.

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Maniak : Tumeurs

En comparaison de Fin(s) du monde, ce recueil est plus sérieux, moins osé. Les nouvelles sont plus longues aussi, la qualité ne varie pas dans les extrêmes lorsque l’on passe de l’une à l’autre, il y a plus de continuité. Elles sont toutes uniques et ne reprennent pas un thème déjà abordé. Le gros bémol est que les auteurs ne sont plus présentés en début de chapitres, mais la description en quelques lignes de l’histoire abordée est appréciable. Au niveau des graphismes, ils font moins amateurs et collent beaucoup plus aux histoires qu’ils illustrent, cela fait plus pro. Pour un second recueil, c’est normal que ce genre de détail soit était pris plus au sérieux. Nous retrouverons cette même qualité, dans les textes ainsi que dans les dessins, et cette même diversité dans les prochains livres…

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Le madtelier d’écriture : http://madtelierdecriture.blogspot.fr/
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23_afficheLes images ont été utilisées afin de vous faire découvrir les artistes cités ci-dessus. Elles sont sous copyright, et je n’ai normalement pas le droit de les diffuser, mais cela est pour une bonne cause : vous faire découvrir de nouveaux talents. Donc n’hésitez pas à aller sur les blogs et les sites des graphistes (il vous suffit de cliquer sur leurs noms) que j’ai pu trouver. À bientôt pour une nouvelle critique de livres des Artistes Fous Associés : Follies, 18 textes échappés de l’asile et L’Homme de demain, 16 récits de l’utopie au cauchemar. Pour visionner ma critique de Fin(s) du monde et découvrir d’autres Artistes, c’est ici.

Poulpy.

A propos poulpinounet

Poulpy, c'est un poulpe à tout faire. Il se doit de disperser ses tentacules sur plein de supports... Ce poulpe est graphiste (donc masochiste), il parle de lui à la troisième personne (sérieux ?), est reporter (surtout), et critique. Minimoi s’essaie donc à au dessin, à la photo, et aussi : j’écris (un peu). Mes dessins font place à des montages, les montages à des textes, des histoires, des articles... Blogueur invétéré, Poulp(inounet) ne fait pas que promouvoir la culture, il crée également ses propres œuvres, pour lui comme pour d'autres.
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5 commentaires pour Sales bêtes! des Artistes Fous

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